Une nouvelle journée à New York où la discrétion et la prudence serait de mise. Aujourd’hui était le quarante septième matin durant lequel Ambre Rose Davis ouvrait les yeux en étant l’une des personnes les plus recherchées des Etats-Unis. Un simple appartement, petit, sombre, peu confortable et rempli de différents ustensiles lui servant pour se déguiser lui faisait office de toit non officiel. Elle squattait. Rien de ce qui se trouvait dans cette pièce n’était à son nom. Elle n’était pas assez stupide. Même ses rares voisins ignoraient que quelqu’un occupait l’appartement. Officiellement, il n’était à personne, et personne ne le prendrait. Autant en profiter donc pour s’installer dedans, le temps que les choses s’arrangent. A peine la jeune femme avait-elle ouvert les yeux que son premier réflexe fut de prendre ses pilules Genesis. Le besoin s’en était fait sentir. Elle comme tous les autres était finalement accroc à ce foutu médoc. Au final, elle en prenait bien plus pour combler le manque que pour empêcher ses symptômes de revenir à l’attaque. Elle était dégoûtée. Dégoûtée d’être dépendante de ce genre de petites pilules magiques. Mais il le fallait bien. Soit c’était ça, soit elle crevait comme une daube dans cet appartement pourri. Le choix était rapidement fait. Laissant pendant plusieurs minutes le médicament agir, elle s’était prise une douche rapide avant de s’habiller. Perruque aux longs cheveux châtains, lunettes de soleil et casquette sur le crâne, cette dernière était à l’effigie des Eagles, comme il en avait été convenu avec Kathryn. Car si la copine de son frère, avec laquelle elle avait rendez-vous régulièrement pour se maintenir au courant, ne serait pas difficilement reconnaissable puisqu’elle n’avait pas besoin de se cacher, l’inverse était de mise pour Ambre. La casquette était un signe distinctif. Optant ensuite pour un T-shirt, un gilet et un simple jean, la jeune femme s’était assise en attendant l’heure de partir. La rencontre avait lieu dans l’après-midi. L’impatience vint rapidement prendre le dessus. Si bien qu’à midi, elle quittait l’immeuble pour partir en direction du lieu de rendez-vous. Se cacher, se fondre dans la masse pour ne pas être repérée, elle en avait l’habitude. Avec de l’entraînement, elle parvenait même à directement reconnaître les agents de la SOEV et des forces de l’ordre en civil. Ce qui lui permettait de s’évaporer comme par magie.

Son rendez-vous avec sa future belle-sœur avait lieu à Brooklyn, dans un parc où elle n’avait encore jamais mis les pieds. Mais mieux valait innover lorsqu’il s’agissait des endroits où leurs rencontres devaient se dérouler. On n’était jamais trop prudent. Et comme ça, ceux qui la recherchaient ne sauraient pas par où commencer. L’endroit n’étant pas trop loin de son squat, Ambre décida d’y aller à pied. A la base, elle n’aimait pas franchement rester bloquée dans les trains, métros ou bus. Mais depuis que cette histoire avait débuté, elle les évitait au maximum. Main dans les poches, la tête légèrement baissée pour ne pas risquer de se faire reconnaître malgré un déguisement réussi, plusieurs personnes l’avaient bousculée sans même s’excuser. Comme si elle n’existait pas. Et si ce genre de choses étaient loin d’être présentes, au moins prouvaient-elles qu’elle restait toujours aussi douée dans ce qu’elle faisait. D’un autre côté, même à l’adolescence, elle avait dû s’initier à ce genre de choses pour ne pas avoir l’air suspecte dans plusieurs affaires. Sa « mauvaise période » lui était beaucoup plus utile que la bonne aujourd’hui. Comme quoi rien n’était jamais vraiment perdu. Ambre avançait donc parmi le reste de la population de New York, aussi discrète et insignifiante que n’importe qui. Personne ne prêterait attention à elle. Juste une ombre, une femme anonyme, sans visage, qui finit par tourner à droite pour entrer dans le parc.

Elle était largement en avance. Il lui restait une heure et quelques avant que Kathryn n’arrive. Ambre avait lâché un soupir. Adossée à un arbre, observant discrètement les autres sans en avoir l’air, elle n’avait encore vu personne susceptible de faire partie de la SOEV ou d’être à sa poursuite pour toucher une jolie prime lorsqu’il la livrerait à la police. Un jour ou l’autre pourtant, elle en était persuadée, elle se ferait chopper. C’était inévitable. On ne pouvait pas fuir toute une vie. Elle ne serait pas forte tout le temps, et Ambre elle-même connaissait ses plus grandes faiblesses. Pendant un bon moment, elle n’avait pas bougé, guettant les entrées pour voir si Kathryn arrivait. Et contre toute attente, ce fut une autre personne qui fit son apparition dans le parc. Caleb Donovan était passé à une vingtaine de mètres d’elle et malgré son accoutrement, elle aurait pu le reconnaître entre mille comme lui. Elle s’était cachée un peu plus sous la surprise. La casquette et le sweet des Eagles ne pouvaient pas être une coïncidence. Mais pendant plusieurs longues minutes, qui avaient semblé être des heures, elle avait continué de guetter l’entrée du parc, s’attendant à voir Kathryn surgir, la trouver et se foutre de sa gueule. Elle allait la tuer. Elle allait la démolir. Comment pouvait-elle prendre ce genre de risques sans lui en parler avant ? Caleb était sûrement surveillé ! Peut-être pas maintenant, mais on étudierait ses mouvements de la journée. Soupirant, fermant les yeux tandis qu’elle reposa son regard sombre sur lui pour le voir en train de l’attendre, le soupçonnant de ne même pas savoir qui il allait voir débarquer, elle avait essayé de ne pas trop laisser sa colère l’envahir. Un faux mouvement, il suffisait que quelqu’un la reconnaisse et elle serait obligée de prendre la fuite. Peut-être même de l’embarquer avec elle. Elle s’était finalement avancée, s’approchant doucement, sans bruit, alors que lui était dos à elle. Et maintenant quoi ? Une vague se souvenirs l’envahissait. Et même si elle n’avait pas besoin de le voir pour que ces derniers refassent surface, le fait de l’avoir sous ses yeux les rendaient plus violents, plus douloureux.

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Dans d’autres circonstances, elle n’aurait pas eu à lui poser la question puisque le virus ne serait pas là. Ils se seraient tout naturellement baladé. Aujourd’hui, les choses étaient extrêmement différentes. Pas de promenades main dans la main. Plus de rêve, pas de famille envisagée avec la personne qu’elle aimait. Pas de promesse de mariage, rien du tout. Parce qu’elle ne pouvait plus se permettre ce genre de choses. C’était bien pour ça qu’elle était partie. Ne rien lui dire… Elle avait pensé que ç’aurait été plus facile pour lui. Exigeant et fier comme il était, il aurait été simple de la détester simplement. Elle espérait presque que ce soit le cas. Parce que les choses seraient plus faciles pour elle aussi. Ambre était capable de prendre énormément de risques, probablement trop d’ailleurs. Rien n’avait d’importance réelle dans sa vie. A part un certain Caleb Donovan et un grand frère qui lui manquait aussi énormément. Elle les avait sacrifiés. Mais ça n’était pas mieux pour eux quelque part ? A force, on se faisait facilement à l’idée qu’au final, on ne pouvait rien apporter de bon aux autres. Elle était la première à en être désolée. Sincèrement. Pendant les secondes qui suivirent, elle n’avait pas osé bouger. La honte probablement. Mais elle ne regrettait pas. Ambre s’attendait bien plus à se faire sermonner qu’à ce qu’il la prenne dans ses bras ou autre. Ce qui serait totalement logique et compréhensible. C’est ce qu’elle aurait fait en tous cas. Et bien qu’ils ne soient pas pareils, elle n’imaginait pas une autre réaction.

« C’est dangereux. Vaut mieux que j’m’en aille. »

Facile à dire. Moins à faire en revanche. Qu’elle ne voit toujours pas son visage n’y changeait rien. Il était de dos, d’accord, mais il était là surtout. Il était présent. Quarante sept jours qu’elle s’était refusée de le voir pour ne pas prendre de risques inutiles. Oui, elle allait tuer Kathryn.

[dsl, c'est un peu cours, mais ce le temps de me mettre bien dans le perso et le sujet]

Le jeune homme se demandait s'il n'était pas en avance car il commençait vraiment à trouver le temps long. Ce n'est surement qu'une impression, quand on a pas forcément envie de faire quelque chose le temps passe à une allure terriblement lente. Déjà dans les transports pour venir le temps lui avait paru long, mais là c'était encore pire. Pour passer le temps vu qu'il ne savait pas de quel coté du parc il devait retrouver cette personne, il décida de le parcourir, des fois qu'il croise cette personne. Et vu qu'il détenait sur lui la panoplie presque complète du supporter des Eagles, il devrait être facilement reconnaissable. C'est une chance pour lui qu'il ne fasse pas mauvais temps, car ça l'aurait vraiment fait "chier" en parlant poliment de devoir retrouver cette inconnue avec un temps de chien. Pourquoi avait t'il rendu service ? Trop serviable comme toujours, mais bon comme il l'avait dit ce n'est que partit remise, si jamais il a besoin de quelque chose un jour, ça sera à la jeune femme de s'en charger. Continuant d'errer en regardant autour de lui sans voir personne s'approcher, il décida de s'arrêter devant une fontaine. Elle n'avait rien d'exceptionnel, juste une fontaine tout ce qu'il y a de plus normal, c'est à dire un bassin circulaire de cinq voir huit mètres de diamètre, et un jet d'eau au milieu. Oui, il ne peut pas y avoir plus simple que ça, même pas une petite tortue qui crache de l'eau ou autre statue comme on peut le voir dans un château t'elle que celui de Versailles en France. Non, Caleb n'est jamais allé en France, mais il a vu un reportage sur le château, dont une petite partie parlait des magnifiques jardins et il n'y a pas à dire, c'est d'une splendeur inouïe.

Une voix derrière lui, le sortit de ses souvenirs concernant se reportage. Au début, il n'avait pas vraiment fait attention, mais son cerveau était en train de réaliser. Cette voix était loin de lui être inconnu, il la connaissait que trop bien et ne l'avait pas entendu depuis trop longtemps. Il n'osait pas se retourner. Il pensait à une hallucination, une pure fabrication de sa mémoire, après tout pourquoi serait t'elle là. Elle est partit sans rien dire, alors la revoir dans un parc public est-ce vraiment possible. Depuis son départ, combien de fois avait t'il cru l'entendre ? Combien de fois alors qu'il était dans son lit avait t'il cru entendre à son oreille de doux "Je t'Aime" alors que la place d'à coté était vide et froide. C'était encore un tour de son imagination. Pourtant, la présence était bien là. C'est étrange de vouloir ne pas croire à la réalité tout en voulant vraiment que ça soit vrai. Ce n'est que quand cette voix reprit la parole qu'il comprit qu'il ne rêvait pas et la petite ombre derrière lui qu'il apercevait dans l'eau ne pouvait pas le tromper, il n'était pas seul. Enfin, il venait de la retrouver, Ambre, sa bien aimée ayant si soudainement disparu. Il se retourna, mais elle avait déjà commençait à tourner les talons. Elle avait dit qu'elle devait partir...non comment pouvait t'elle osait lui faire ça sans même lui expliquer davantage les raisons. En deux ou trois pas, il fut derrière elle et saisit son bras un peu brutalement pour la retourner face à lui. Son cœur fit un bon dans sa poitrine, ce dernier semblait vouloir s'enfuir, mais il ne pourrait pas aller bien loin en compagnie de son seul et unique rayon de soleil. Il était tellement inquiet pour elle, chaque jour il croisait les doigts pour ne pas entendre de mauvaise nouvelle. La jeune femme est recherchée, les affiches qu'il a pu voir en allant à son boulot le lui indiquait clairement. Caleb aurait voulu être en colère, en faite il l'était, mais elle ne voulait pas sortir, trop heureux de la voir saine et sauve en un seul morceau. D'un coup sec, il l'attira contre lui, et déposa ses lèvres sur les siennes. Sa main gauche venant caresser avec douceur son visage toujours aussi doux. Cela faisait des semaines qu'il rêvait de pouvoir la reprendre dans ses bras et aujourd'hui son rêve se réalisait enfin. Son baiser était à la fois libérateur et douloureux. Le plaisir de l'avoir là, contre lui était immense, mais il avait l'impression que son cœur commençait à saigner car c'était évident qu'elle chercherait encore à fuir une nouvelle fois loin de lui pour le protéger. Ho, si seulement elle arrivait à comprendre qu'elle lui faisait plus de mal qu'autre chose. Le jeune homme décolla ses lèvres des siennes et recula son visage que très légèrement, son autre main prenant place sur l'autre joue de sa bien aimée. Tout ce bousculait en lui, les émotions étaient tellement forte qu'il pourrait presque pleurer mais se retenait. Cela n'empêchait pas que ses yeux brillent, baignaient de quelques larmes qui ne couleront pas.

-J'étais si inquiet...Ambre...pourquoi tu m'as fais ça ? demanda t'il d'un voix tremblante. Pourquoi tu ne m'as rien dis ? Pourquoi !!!? J'avais tellement peur qu'il t'arrive quelque chose. Je t'en pris, ne me refais plus jamais ça...plus jamais... souffla t'il tristement.

Sans lui laisser le choix, il l'enlaça, il avait besoin de la sentir contre lui, de sentir sa chaleur irradier son propre corps, de sentir son odeur. Ça faisait trop longtemps qu'elle était partit, et il espérait qu'elle l'aime toujours. Après tout les raisons de son départ demeure louche. Aucun mot, aucune nouvelle...rien, elle avait quittée leur appartement du jour au lendemain sans rien dire à personne. Comme si elle voulait disparaitre de ce monde et n'avoir jamais existé. Mais elle était là devant lui, et il ne voulait pas la lâcher, pas maintenant. Sans elle, sa vie n'a plus aucun sens.