Une journée de plus venait de passer à New York, et la soirée commençait à peine. Pour beaucoup de gens, c'était enfin le calme et la tranquillité de retrouver son foyer et de se reposer. Pour tout le monde ? Non, bien sûr que non, il y avait des exceptions. Ce fut le cas pour Alexia McAlister, jeune femme native de Floride, qui était venue s'installer dans cette grande ville pour faire des études de médecine, et qui devait prendre son service pour la soirée dans un des nombreux cafés du quartiers de Brooklyn. La journée pour elle se termina à 17 heures 30, et elle dut se dépêcher de quitter l'amphithéâtre, si elle ne voulait pas arriver en retard. Elle ne devait pas perdre son emploi, car même si le salaire n'était pas très élevé, il lui permettait de payer son loyer et de financer ses études. Alors qu'elle faisait son sac, Alexia quitta la grande salle et se dirigea vers la sortie de l'université. En temps normal, elle serait allée à la bibliothèque pour réviser un peu, mais aujourd'hui, ce n'était pas le jour. Une fois à l'extérieur, Alexia traversa la rue, et marcha jusqu'à la station de bus qui devait la ramener chez elle. Elle dut attendre plus de 10 minutes que le bus arrive, ce qui l'inquiétait beaucoup, car elle voyait l'heure passer. Sans parler des bouchons sur le chemin, à cause des sorties de bureaux. Alexia devait être au café avant 19 heures, avant l'ouverture. Pendant le trajet, la jeune femme regardait dehors, comme elle le faisait à chaque fois, restant seule à l'avant, sans parler à personne, comme à son habitude. Enfin, le bus s'arrêta non loin de son immeuble, et elle regagna son appartement à 18h10 passés. C'était juste, mais elle était encore loin d'être en retard. A peine entrée chez elle, Alexia posa son sac, se dirigea vers la salle de bain en se déshabillant, et pris une bonne douche. Puis, elle se changea, se maquilla, se coiffa, et vérifia qu'elle n'avait rien oublié en se regardant le miroir. Estimant être prête, elle mangea un repas rapide, histoire d'avoir quelque chose dans son ventre pour tenir jusqu'à la fin de son service, à 1 heure du matin, puis pris son sac à main et ses clés d'appartement, et quitta son logement, fermant bien la porte à clés car elle ne voulait pas être cambriolée. Même si elle n'avait pas énormément d'objets de valeur chez elle, le quartier craignait un peu, et il n'était pas rare de voir des voleurs s'aventurer dans les habitations où la porte ou la fenêtre étaient mal fermées.

18h40, c'était vraiment juste. Si le bus ne venait pas à l'heure, Alexia serait en retard. Et comme par hasard, comme dans les moments où on a un rendez vous important, le bus tarda à venir, ce qui fit jurer la jeune femme, qui serra les pans de sa petite veste autour d'elle, vu que le temps se rafraichissait et qu'elle avait un peu froid. Enfin, son moyen de transport arriva, avec 5 minutes de retard. La jeune femme montra son pass et s'installa, nerveuse, se rongeant l'ongle de son index en tapant un peu du pied. Son patron allait encore râler, ce n'était pas la première fois qu'elle était en retard, même si c'était seulement de 5 minutes. Voilà comment était la vie d'une personne qui était obligée de jongler entre des études et un travail, c'était difficile et les gens n'éprouvaient aucune compassion à leur égard, ils se fichaient pas mal de les voir se démener et se battre pour se construire un avenir. 19h02, le bus arriva à l'arrêt, et Alexia courut vers le café, qui avait ouvert à l'heure. Mais, à peine entrée dans le petit bâtiment, les yeux colériques de son patron, qui se trouvait derrière le bar au niveau de la caisse, se posèrent sur Alexia, comme le regard des quelques clients présents dès l'ouverture.

- "Vous êtes encore en retard, Mademoiselle McAlister" lui dit-il, une fois que la jeune femme fut arrivée à sa hauteur, pour ne pas être entendu des clients. "Au prochain retard, vous êtes virée".

- "Oui, Monsieur ... je suis ... désolée. Le bus est arrivé en retard, j'ai fait aussi vite que j'ai pu".

Alexia tentait de se justifier comme elle pouvait, mais son patron en avait assez de ses excuses, et il se contenta de soupirer en secouant la tête, avant de retourner à ses occupations. Penaude, la jeune femme baissa les yeux et se dirigea vers la petite arrière salle, où elle déposa son sac dans son vestiaire, et enfila le tablier des serveuses. Avec son boss qui était furieux contre elle, la soirée s'annonçait pénible et très longue. Saluant les quelques employés du café, Alexia attrapa son calepin et retourna en salle, circulant entre les tables pour prendre les commandes des gens, et ainsi travailler pour gagner son maigre salaire. Le temps passa, et la soirée était déjà bien avancée. Alexia n'avait pas eu beaucoup de pauses, mais il y avait peu de clients ce soir là, c'était très calme. Certaines serveuses prenaient même un peu de temps parfois pour discuter avec les clients, des habitués pour la plupart. Mais, pas Alexia, qui préférait rester dans son coin, ou s'occuper à nettoyer les tables, trop solitaire pour entamer une conversation. Et puis, comme son patron avait une dent contre elle, mieux valait ne pas se faire remarquer en ne travaillant pas, bien qu'il n'y avait pas beaucoup de boulot en cette soirée.

A un moment de la soirée, alors qu'elle ramenait des assiettes et des couverts au bar, Alexia se sentit mal, ses mains tremblaient, et une migraine commençait à lui marteler la tête. Elle savait ce qu'il se passait, les 6 heures s'étaient presque écoulées, et elle devait prendre son médicament. Se mettant un peu à l'écart, en espérant que personne ne la verrait, la jeune femme sortit un petit flacon de sa poche, et pris une pilule bleue qu'elle avala, avant de prendre un verre d'eau et de boire quelques gorgées. Puis, elle rangea le flacon dans sa poche, et jeta un oeil à la salle, essayant de repérer si quelqu'un l'avait vu prendre son médicament. Si quelqu'un avait remarqué son geste, et s'il reconnaissait la pilule Génésis, Alexia aurait de quoi s'inquiéter. Mais, apparemment, personne ne faisait attention à elle, et elle en fut soulagée. Il lu faudrait attendre quelques minutes, le temps que le cachet agisse, mais les symptômes disparaitraient rapidement. Alexia devait donc retourner au travail, avant que son patron ne remarque son inactivité. Alors qu'elle aperçu un autre client qui attendait à une table, Alexia repris son calepin qui était dans sa poche, et se dirigea vers l'homme en question. Arrivé à sa hauteur, elle lui lança un petit sourire poli, mais très timide, et se prépara à noter la commande sur le calepin, les yeux baissés, n'osant pas trop regarder son interlocuteur.

- "Bonjour Monsieur. Vous avez commandez ?"

Alors qu'Alexia s'avançait vers le client qui tenait un menu entre les mains, elle sentit que la Génésis commençait à agir, les tremblements qui parcouraient son corps s'atténuaient peu à peu. Heureusement pour elle, car si quelqu'un la voyait dans un état déplorable lié à sa condition de monstre doté d'un pouvoir surnaturel, il comprendrait tout de suite ce qui se passait. Prendre ces pilules toutes les 6 heures étaient une vraie plaie, mais la jeune femme ne s'en plaignait pas beaucoup, car elle savait que d'autres devaient en prendre plus souvent, beaucoup trop accrocs à la Génésis à cause d'une utilisation de leur pouvoir trop élevée. Une fois qu'elle fut arrêtée devant le client, qui était toujours plongé dans la carte pour choisir, Alexia attendit patiemment pour inscrire sur son calepin ce qu'il commanderait. Ce dernier leva alors les yeux, et l'espace de quelques secondes, la jeune serveuse ne réussit pas à détourner son regard de lui. Elle devait bien avouer qu'il était plutôt séduisant, et elle avait comme la sensation que son regard la transperçait. Mais, rapidement, elle se ressaisit, et baissa les yeux, intimidée. La voix du client retentit alors, mais ce n'était pas tellement ce à quoi elle s'attendait, ce qui lui fit relever la tête vers lui, le regardant sans comprendre, surprise.

- Bonsoir. A vrai dire, je ne sais pas trop quoi choisir… Vous pourriez m’aider ? Je vous propose un marché : choisissez le plat que vous trouvez le meilleur, commandez-en deux et partagez-le avec moi. C’est moi qui invite. Et ne vous en faites pas pour votre patron, je dédommagerais tout le temps que je vous prends. Marché conclu ?

- "Je ... heu ..."

C'était bien la première fois que quelqu'un l'invitait pour diner, même de cette façon, et de choisir le plat qu'ils pourraient prendre tous les deux. La draguait-il ? C'était possible, et c'était pour cette raison qu'Alexia était déstabilisée, elle ne savait pas quoi lui répondre. Certes, il était bel homme, mais de là à accepter ses avances, du moins ce qu'elle croyait être le cas, sous les yeux de son patron déjà énervé à cause d'elle, la jeune femme ne savait pas si elle devait accepter. Sans oublier que manger un vrai repas copieux ne lui était pas arrivé depuis longtemps.

- "Je ne sais pas ... je n'ai pas le droit de ..."

Alexia tourna la tête, et jeta un oeil inquiet vers son patron, qui ne la regardait pas, trop occupé derrière le bar, avant de reporter son attention sur l'inconnu. Se mordant la lèvre, elle baissa les yeux, tout en réfléchissant. Que devait-elle faire ? Accepter ? Ou refuser ? Autour d'elle, les autres serveuses prenaient également du temps pour discuter avec les gens, alors pourquoi pas elle ? Malgré son côté timide et renfermé sur elle même ? Le fait que cet homme qu'elle ne connaissait pas lui paye son repas la mettait mal à l'aise, mais rien ne l'empêchait de vouloir dépenser son argent pour son propre plat, même si elle n'avait pas grand chose comme monnaie, et qu'elle avait devant elle une homme riche. Après un moment d'hésitation, Alexia finit par acquiescer d'un petit hochement de tête, remarquant que l'inconnu ne l'avait pas lâcher des yeux depuis le début.

- "D'accord. Mais, pas longtemps, et je tiens à payer ma part. Je ne veux pas que vous dépensiez votre argent pour moi. Je vous conseille la blanquette de veau faite maison, elle est assez bonne et à un prix raisonnable".

A chaque fois qu'elle servait ce plat, c'était une torture pour Alexia, parce qu'elle n'avait pas les moyens d'en acheter, elle préférait garder son argent pour autre chose de plus vital pour elle, déjà qu'elle ne roulait pas sur l'or, étant une étudiante qui devait payer ses études et un loyer, et qui avait un petit boulot dont le salaire n'était pas très élevé, et qu'elle risquait de perdre à la prochaine erreur. Cependant, elle n'allait pas proposer à ce client d'acheter un simple sandwich, il lui fallait autre chose de plus classe, du moins dans les cordes que le bar pouvait offrir, car ce n'était pas un restaurant. Cependant, alors qu'elle allait faire demi tour, troublée à l'idée de diner avec un homme, ce dernier lui parla à nouveau.

- Vous ne trouvez pas que le temps est à l’orage ce soir ? L’air est plutôt électrique.

Alexia le dévisagea, très surprise, et mis un certain temps à comprendre. Pourquoi parlait-il d'orage, et surtout d'électricité ? Puis, elle crut comprendre, même si elle espérait se tromper. Cet inconnu avait peut être découvert son secret, mais comment ? En la voyant prendre la Génésis ? Possible, mais cela n'expliquait pas comment il pouvait être au courant de son pouvoir d'électrokinésie en particulier, même s'il pouvait savoir qu'elle était une infectée spéciale. Rougissant à cause de l'embarras qui la gagnait, Alexia se mis à bégayer, ayant peur que quelqu'un ait découvert son secret, et qu'elle risque de gros ennuis. Secouant la tête, la jeune femme tenta de jouer la carte de l'innocence, en vain.

- "Je ... je ne sais pas ... de quoi vous parlez ... peut être ... peut être que vous avez raison ... il va y avoir ... de l'orage".

*Il faut que je me calme, et que j'arrête d'être parano, ce n'est qu'une coïncidence. Il ne peut pas savoir que je peux faire de l'électrokinésie, c'est impossible. Comment pourrait-il le savoir ? Non non, il a dit ça comme ça, c'est tout*

Alexia ignorait que l'homme assis à la table avait le don de télépathie, et qu'il pouvait donc sans difficulté lire dans ses pensées en cet instant. Et ses pensées venaient de la trahir. S'il travaillait pour Gouvernement, la jeune femme serait dans de sales draps. Heureusement pour elle qu'il était là pour l'aider, et non pour lui nuire. Cependant, elle ne savait pas ce détail, et en cet instant, elle n'avait envie que d'une chose : fuir loin d'ici. Mais, elle ne pouvait pas, car si elle partait pour garder son secret, elle serait renvoyée à coup sûr. Alexia était bloquée, sans avoir d'issue possible.

- Ne vous inquiétez pas, je ne veux que discuter, ok ?

En entendant ces mots, Alexia regarda l'homme droit dans les yeux, et elle aperçut son sourire, qui se voulait être rassurant. Devait-elle lui faire confiance ? Elle ne le connaissait même pas. Pourtant, une part d'elle voulait l'écouter, et apprendre à lui faire confiance. Si vraiment il avait été néfaste, il lui aurait tout de suite sauté dessus pour l'embarquer, afin que des scientifiques s'amusent au Docteur Frankenstein avec elle. Et puis, elle pouvait toujours nier cette histoire de pouvoir surnaturel, elle était persuadé que cet inconnu n'avait aucun moyen de connaitre la vérité. Même si elle n'était pas douée pour mentir, elle pouvait quand même essayer de jouer la parfaite innocente qui ne savait rien. Se mordillant à nouveau la lèvre, signe de nervosité chez elle, Alexia finit par acquiescer à sa proposition, puis elle fit demi tour, et alla chercher la commande. N'osant pas regarder son patron, la jeune femme retourna à la table près de 15 minutes plus tard, et disposa les assiettes, couverts et serviettes, avant de poser le plateau vide, et de s'asseoir timidement, sans savoir quoi faire. Elle était mal à l'aise, ce sentiment était palpable, car elle n'avait pas l'habitude d'avoir ce genre d'attention, surtout avec un homme qui connaissait peut être son secret. Levant les yeux vers lui, elle lui souhaita bon appétit, puis décida de se présenter, ses joues prenant une couleur légèrement rouge.

- "Je m'appelle Alexia ... Alexia McAlister" dit-elle d'une petite voix, ce qui démontrait clairement qu'elle n'était pas tranquille.

Que devait-elle faire ? Parler avec cet étranger ? Ou alors s'enfuir ? Cette question avait traversé l'esprit d'Alexia, alors que cette dernière se trouvait en cuisine pour commencer à préparer un plateau pour Nathaniel. Elle aurait peut être du tout laisser tomber, prendre ses affaires, et partir par la porte située au fond de la pièce qui menait dans une petite ruelle. Mais, au fond d'elle, la jeune femme sentait que l'inconnu ne lui voulait pas de mal, qu'il était là seulement pour discuter avec elle. Est-ce-que c'était la raison ? Ou l'inconscience ? C'était possible, mais Alexia ne pouvait pas expliquer cette impression que cet homme ne lui voulait aucun mal. Alors, elle retourna vers lui, servant son repas, avant de prendre place face à lui, intimidée, ne sachant pas quoi faire ou dire. Elle se présenta donc, bien loin d'imaginer qu'en réalité, Nathaniel connaissait déjà son identité. La jeune femme se mordit la lèvre, attendant de voir ce qui se passerait. Elle craignait quand même d'avoir fait le mauvais choix. Mais, après tout, que pouvait lui faire cet homme dans un lieu public ? S'il tentait quoi que ce soit contre elle, comme de l'enlever ou de la blesser, il y aurait des témoins qui pouvaient s'interposer. Allait-il prendre ce risque ? Et tant qu'elle ne saurait pas à qui elle avait à faire, Alexia ne le suivrait pas à l'extérieur, sous peine d'avoir encore une fois fait le mauvais choix. Nathaniel se présenta alors, prenant toujours ce ton confiant et serein, sans doute pour tranquilliser son interlocutrice.

- Enchanté Alexia. Moi c’est Nathaniel Livingston, mais tu peux m’appeler Nate.

Alexia acquiesça d'un petit hochement de tête, mais elle ne savait pas vraiment quoi en penser. Savoir le nom de l'inconnu ne lui démontrait pas qui elle avait en face d'elle, ami ou alors ennemi. Cependant, elle souligna son attitude calme, qui appelait à la confiance, tout comme son tutoiement, étant donné qu'il était plus âgé qu'elle. Mais, devait-elle avoir confiance en lui ? C'était une bonne question, car dans ce monde troublé, il valait mieux ne faire confiance à personne. De plus, elle ignorait tout sur Nate. Qui était-il ? D'où venait-il ? Connaissait-il vraiment son secret ? Comment le savait-il ? Cherchait-il seulement à la démasquer ? Une chose était sûre : tant qu'elle resterait avec lui à cette table, Alexia en apprendrait peut être plus sur cet homme à la fois charmant et mystérieux. Et si jamais il voulait lui faire du mal, elle avait toujours son pouvoir pour la protéger. Certes, elle ne savait pas encore le maitriser, mais la peur qu'elle ressentirait si elle était attaquée déclencherait des vagues d'électricité de ses doigts contre son agresseur. Nathaniel repris alors la parole.

- Je suppose que tu te poses plein de questions. Qui suis-je ? Qu’est-ce que je te veux ? Comment je sais pour toi ? On va commencer par la dernière question…

Le voyant croiser les doigts d'un air sérieux, en baissant le son de sa voix pour ne pas être entendu, Alexia se pencha instinctivement, attentive et curieuse, agissant comme quelqu'un qui était sur le point d'apprendre un secret important.

- Je suis comme toi. Enfin pas les étincelles et tout. Je suis télépathe.

- "Un télépathe ?" murmura-t-elle, incertaine.

Bien qu'Alexia vivait dans un monde où les pouvoirs existaient, et où elle se voyait elle même comme un monstre de foire, elle était sceptique quand à avoir une personne douée de la télépathie en face d'elle. Elle avait beaucoup de mal à le croire, alors qu'elle même était une erreur de la nature, une évolution génétiquement impossible. Et pourtant, la jeune femme restait perplexe.

*La télépathie ? Rien que ça ? Il me raconte des histoires*

Alexia ne se rendait pas compte qu'elle s'exprimait par la pensée, et donc que Nate pouvait très bien entendre sa réticence, si jamais il ne lui mentait pas bien sûr. Baissant les yeux, elle se mis à réfléchir sur ce que le jeune homme venait de lui dévoiler. Elle ne se doutait pas du tout qu'il la connaissait parce qu'il faisait partit de la Résistance, et qu'il avait un dossier sur elle. S'il était bien télépathe comme il le prétendait, c'était peut être de cette façon qu'il avait appris pour son pouvoir. Mais, comment avait-il fait ? Il avait un détecteur dans la tête pour repérer les gens, ou quoi ?

- "Et ... c'est comme ça que vous avez appris ce que j'étais ? Par télépathie ? Vous avez fait quoi ? Vous vous promenez dans la rue toute la journée, et vous sonder l'esprit des gens en espérant tomber sur des personnes dotées d'un pouvoir ?"

Le ton qu'employait Alexia était légèrement moqueur, ce qui démontrait clairement qu'elle avait encore du mal à le croire.

- Il semble évident que tout ça est nouveau pour toi et que tu n’es pas très à l’aise. Je peux t’aider, si du moins c’est ce que tu souhaites. Je ne compte te forcer à rien. Je suis juste venu t’offrir mon aide, t’apprendre à gérer tout ça et même à trouver du Genesis de manière plus discrète.

- "M'aider ? Et comment voulez-vous m'aider à contrôler une telle chose ? C'est incontrôlable, c'est lié à mes émotions. Quant au Genesis, je sais où je peux en trouver. Celui qui me le vend est prudent et il garde le silence. Du moment qu'il touche son argent, rien d'autre ne compte pour lui".

Cependant, malgré ses dires, Alexia savait qu'elle ne s'en sortirait pas toute seule. Elle pensait vraiment que son don ne pouvait pas être maitrisé, qu'il apparaissait comme ça sans qu'elle ne puisse rien faire. Quant à son fournisseur de Genesis, la jeune femme avait raison, il ne dirait rien, il ne la vendrait pas. La cause ? Il vendait ces pilules suffisamment chères, ce qui assurait les acheteurs de son silence. Une personne riche pourrait trouver cette somme dérisoire, mais pour quelqu'un comme Alexia, qui avait du mal à assurer sa survie, c'était une somme importante, la plupart de ses économies passaient dans le Genesis. Mais, que pouvait-elle faire d'autre pour en avoir ? Le prix était le même partout, voir plus élevé dans certains endroits. Elle ignorait que Nate pourrait peut être l'aider à s'en procurer à moindre coût. Pendant qu'elle était plongée dans ses pensées et ses nombreuses interrogations qui remplissaient sa tête, Nathaniel s'extasiait sur la blanquette, adoptant des manières qui n'étaient pas celles d'une personne pauvre. Et vu ses vêtements et son allure, il était clair qu'il venait des quartiers riches, mais Alexia ignorait encore à quel point son interlocuteur était très riche.

- Un petit test : tu veux que je te dise à quoi tu penses en ce moment ?

- "Ce à quoi je pense là, tout de suite ? Et c'est tout comme test ? Ca me parait bien trop simple pour que je vous crois sur parole".

*C'est du n'importe quoi, je suis sûre que ce type me mène en bateau. Si c'est bien le cas, je suis mal. Je m'en fiche, s'il tente quoi que ce soit contre moi, c'est un homme mort*

Certes, ses pensées pourraient peut être choquer Nate, mais venant de quelqu'un qui restait encore sceptique sur le don de télépathie, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'Alexia se montre joyeuse et confiante. Alors qu'elle parlait en pensées, elle picora dans son assiette, savourant ce qui était pour elle le meilleur des plats, parce qu'elle n'avait pas assez d'argent pour se payer une telle chose hors de prix pour elle.